La construction de routes constitue un apport non négligeable de la civilisation romaine dans nos régions.
Le territoire de Buding était très probablement traversé par la grande voie qui reliait Lyon à Trèves, du moins par la branche qui empruntait la rive droite de la Moselle ; cette « via trevirensis » sortait de Metz, gravissait la colline de Saint Julien, puis, par Antilly et Mancy, passait au Nord de Luttange, près de Kirsch-lès-Luttange ; on en perd la trace aux abords de Metzeresche, avant de la retrouver près d’Elzing, où elle devait franchir la Canner à gué, avant de se diriger vers Sainte Marguerite par les pentes du Hackenberg : en 1828, l’abbé Ledain entreprit des recherches au lieu-dit « Heidenfeld », non loin de l’endroit où l’Ourbach, ruisseau de la vallée de Veckring, se jette dans la Canner, et trouva de nombreux débris gallo-romains et même un angle formé de deux murs d’une pièce de 3 x 3 mètres environ ; en 1844, lors de la construction de la route Kédange – Koenigsmacker, on découvrit, à 2 m de profondeur, des substructions d’un bâtiment long de 9 mètres.
Rappelons que ces voies avaient avant tout un but stratégique : elles permettaient aux légions de se déplacer facilement et rapidement, et étaient tracées de façon à toujours leur donner l’avantage de la position. Dans la même perspective, des « stationes », de véritables postes militaires, les jalonnaient à une journée de distance les unes des autres ; c’étaient de grandes constructions, où l’on pouvait trouver en permanence des bêtes (les écuries pouvaient abriter jusqu’à 50 chevaux), des voitures, des magasins largement approvisionnés en vivres, vêtements et armes.
Certains archéologues du XIXème siècle étaient convaincus qu’une telle « station », du nom de Caranusca, se trouvait à Elzing, à l’endroit évoqué plus haut. Ils se fondent notamment sur une « carte » qui avait été établie pour faciliter le déplacement des hauts fonctionnaires de l’Empire romain, qui a été recopiée, malheureusement de façon très fautive, par des moines du XIIIème siècle et qu’on connaît sous le nom de Table de Peutinger. Mais au début du XXème siècle, J. Vannénus, un savant luxembourgeois, a su se montrer convaincant pour suggérer que les indications portées sur cette « carte » devaient en réalité se trouver sur la rive gauche de la Moselle, et a rapproché Caranusca de Garche. Du point de vue étymologique, les arguments divergent également : pour les premiers, Caranusca signifie « habitation de la Canner » (l’un des érudits suppose qu’en langue celtique usca veut dire « eau » et cann « tortueuse » ou « couverte de roseaux », ce qui correspond parfaitement à la vallée de la Canner) ; pour le second, la filiation Caranusca – Garche est phonétiquement possible, et cara (« pierre ») est l’équivalent celtique du germanique Kiesel (« cailloux »), qui nous renvoie au cours d’eau appelé le Kieselbach qui passe à Garche. Ce débat, légitime, n’enlève évidemment rien à la certitude d’une forte présence romaine dans la vallée de la Canner.