Du haut de ses 347 mètres, le Hackenberg domine le pays de la Canner. Plus qu'une curiosité géographique, due à son statut de point culminant, c'est avant tout un lieu chargé de mémoire, d'histoire et de spiritualité.
Un haut lieu religieux
Bien qu’il n’existe pas de preuves formelles, il est probable qu’un sanctuaire celte se soit élevé sur ce sommet et qu’il se soit transformé en un lieu de culte chrétien à la fin de l’Empire romain ou au début du haut Moyen-Age, la pénétration du christianisme étant largement favorisée par l’existence de la grande voie Metz-Trèves, qui passe à proximité et qui génère des implantations de population. Quoi qu’il en soit, les premières mentions certaines de la « paroisse du Hackenberg » datent du XIIème siècle : une charte de l’archevêque de Trèves enjoint à différentes paroisses, dont celle-ci, d’accomplir un pèlerinage annuel à Mettlach, l’abbaye de rattachement. Cette paroisse regroupait au début les villages de Budling, Veckring, Helling, Buding et Elzing.
La forte expansion démographique du XVIIIème siècle, époque relativement prospère et ne connaissant pas les épidémies du siècle précédent, amène des changements notables, avec ses lots de tensions. L’église, trop modeste, doit être agrandie : c’est l’objet d’une recommandation de l’évêque de Trèves en 1765. Les paroissiens ne l’entendent pas de cette oreille et ne donnent pas suite à ce projet, pour des raisons financières : ils se voient frappés d’interdiction d’offices et d’enterrements ; ce n’est qu’après des années de pourparlers que la nef est finalement agrandie et un nouveau clocher érigé en 1780. L’abbé Reuter, curé du Hackenberg à l’époque, n’a pas compté pour peu dans le déblocage de la situation, puisqu’il n’a pas hésité à engager son argent personnel dans l’entreprise.
Parallèlement, l’éloignement de l’église commençant à peser aux villageois, Buding et Elzing, obtiennent un vicaire résidant dès 1709, mais les fidèles continuent à gravir la longue pente du Hackenberg pour les grandes fêtes qui rythment la vie de chacun : baptêmes, mariages et enterrements. Ce n’est qu’en 1779, après un conflit d’une vingtaine d’années, que les habitants de Buding obtiennent des aménagements sur ces points, mais ils devront attendre 1802 pour que le village soit érigé en paroisse à part entière. Ces premières manifestations d’indépendance par rapport à l’église-mère se poursuivront au siècle suivant par celles de Buding et Veckring. Par contre, c’est peut-être cet éloignement des villages qui mettent le Hackenberg à l’abri des saccages de la Révolution, ce qui n’empêche pas certains patriotes zélés de faire arrêter et déporter le curé Jean-Etienne Etringer, qui avait pourtant adopté une attitude compréhensive et conciliante envers les nouvelles autorités.
Grandeur et décadence
Pour savoir à quoi ressemblait le sommet du Hackenberg au milieu du XIXème siècle, il convient de se reporter à la description que nous en donne le comte Théodore de Puymaigre dans un article publié dans la revue l’Austrasie en 1853. Il se met dans la peau d’un voyageur qui arrive du vallon de Budling « sauvage, verdi par la haie, par les jardins » et embrasse le site d’un coup d’oeil : le presbytère, la maison école et le cimetière « ceint d’un mur et fermé par une porte à claire-voie » et bien sûr l’église, avec la sacristie et la chapelle seigneuriale, dédiée à Saint Hubert et édifiée par la famille Faust de Strombourg, seigneurs de Bousbach au XVIIème.
Il n’y a donc que deux habitants demeurant au Hackenberg : le curé et le régent de l’école. Cette école existait déjà avant la Révolution, l’Eglise étant la seule Institution à essayer de donner des rudiments d’instruction aux couches défavorisées de la population. Elle continue à fonctionner pour les garçons de plus de dix ans des communes avoisinantes jusqu’en 1882.
La fin du XIXème siècle fut le témoin de l’éclatement de la paroisse du Hackenberg et de son lent déclin. A partir de 1871, l’administration prussienne sépare les villages de Budling et Veckring et en 1883, le curé doit résider à Budling : les 2 villages eurent droit chacun à une nouvelle église et un cimetière ; en 1900, le domaine est rattaché à la commune de Veckring. Pour ce qui est des bâtiments, ce ne fut qu’une suite de malheurs :
* en 1859, un incendie dû aux feux de joie pour fêter la victoire de Solférino ravage le site * en 1889, l’église – sauf le choeur – les autres bâtiments sont démolis pour construire l’église de Veckring * en 1944, ce qui reste est détruit par les combats de la libération.