Le petit bâtiment solidement amarré au chœur de l’église d’Inglange n’échappera sans doute pas au promeneur curieux : il s’agit de la chapelle castrale dans laquelle sont enterrés les seigneurs qui se sont succédé au château et où ils se recueillaient et assistaient aux offices.
Sa construction remonte à l’année 1634. En pleine période tourmentée pour la Lorraine, la peste le disputant aux ravages de la guerre de Trente Ans, Jean-Bernard de Lellich, co-seigneur d’Inglange, la fait édifier afin d’y être enterré avec sa femme Anne de Metternich, comme le stipule son testament daté du 14 juillet 1636. La dalle qu’il fit confectionner, la chapelle à peine achevée, et qui le représente, en armure d’apparat, aux côtés de son épouse, les mains jointes comme elle, est célèbre. Le retable de la Vierge à l’Enfant, sur le mur opposé, est une commande de la même époque et confirme la profonde piété du couple.
Il ignorait sans doute qu’il était par là à l’origine d’une coutume que suivront ses successeurs : le caveau des seigneurs d’Inglange se trouve sous les dalles et les murs sont recouverts d’épitaphes, qui constituent à elles seules un aperçu historique de la seigneurie. Pourtant, cette dernière n’est pas restée dans la même famille : Jean-Bernard de Lellich n’ayant pas d’enfants, elle échoit, au XVIIIème siècle, après bien des vicissitudes, à Georges-François de Clémery, Lieutenant Général au bailliage royal de Thionville, puis, par le jeu des alliances, à la famille de Gargan et, en 1831, à la famille Boudet de Puymaigre, qui compte dans ses rangs le célèbre Théodore Joseph (1816-1901), érudit, homme de lettres et homme politique.
Parallèlement une nouvelle église est construite en 1774 ; le clocher, en mauvais état, est rebâti en 1847 et l’église entièrement rénovée en 1879-1880. La chapelle n’en finit cependant pas de traverser les âges et sera utilisée jusqu’à la mort de Marie-Caroline, fille du comte Théodore de Puymaigre, en janvier 1955. Ce haut lieu d’histoire locale est une pièce relativement rare – il n’y en a que deux autres dans la région (Hombourg-Budange et Preisch) – et mérite incontestablement d’être signalé.