Les contraintes climatiques et les catastrophes naturelles ne datent pas d’aujourd’hui. Dans les siècles passés, elles n’apportaient pas seulement leur lot de drames humains, mais étaient un problème de survie, une bonne ou une mauvaise récolte étant synonyme de vie ou de mort. Les exemples fameux ne manquent pas : prenons-en quelques-uns du XVIIIème et du début du XIXème siècle.
La rigueur des saisons
1719, 1778, 1793, 1803 et 1817 ont été des années de canicule : des mois de sécheresse après de très fortes gelées de printemps réduisent à néant le travail des champs. A l’inverse, en 1709, pendant tout le mois de janvier un froid sibérien s’abat sur l’ensemble de la France, le thermomètre s’affole et descend jusqu’à – 20°. La situation devient d’autant plus dramatique qu’elle va se prolonger, avec des hauts et des bas, jusqu’au mois d’avril. Dans le livre de police de Bettelainville, le greffier Noël Garnier note, en date du 20 mars 1709, que la gelée a duré de la veille du jour des Rois jusqu’au 5 mars, que la neige est tombée en abondance, que beaucoup d’arbres ont éclaté et que de nombreuses bêtes ont péri. Les conséquences ne se font pas attendre : des semailles difficiles, la flambée des prix et la disette au bout.
La Moselle fait des siennes
Jusqu’à sa canalisation, la Moselle était un cours d’eau capricieux et pouvait occasionner de sérieux dégâts en fonction des conditions climatiques. De nombreuses crues sont signalées dès le Moyen-Age. Elles proviennent de pluies torrentielles, comme ce terrible orage qui éclate le 16 juillet 1750, au début de l’après midi : toute la vallée, de Koenigsmacker à Sierck, est sous l’eau, le foin est emporté, la moisson pas assurée. Elles peuvent aussi provenir d’une mauvaise sortie de l’hiver : le 20 février 1753, le fleuve encore partiellement gelé ne peut recueillir l’eau qui arrive de l’amont et dirige ses flots sur Koenigsmacker ; les habitants luttent pendant plusieurs jours pour sauver le village de l’inondation. Cette catastrophe d’importance provoqua du reste un changement du cours de la Moselle dans la région.
Un orage mémorable
Le samedi 2 mai 1818, vers 6 heures du soir, le ciel s’assombrit sur la vallée de la Canner, et, sans crier gare, un très violent orage, accompagné d’une grêle dévastatrice, s’abat sur 18 villages du canton de Metzervisse. Venu de l’est, il frappe d’abord Menskirsch, gonfle les ruisseaux en quelques minutes, arrache les pont de Kemplich et de Monneren, ravage Helling, où les flots du Reimersbach, ruisseau d’apparence anodine mais brutalement transformé en immense torrent par les trombes d’eau, emportent plusieurs habitations. Le bilan humain est lourd : une jeune fille de 17 ans est noyée à Klang par les eaux grossies du Strumbach ; 6 victimes sont retrouvées le lendemain à Helling, qui paye le plus lourd tribut de la région : la plus âgée, Marguerite Schwarzenbart, avait 74 ans, le plus jeune était un bébé de 15 mois, Jean Eich : le corps de sa mère et ceux de 2 enfants d’autres familles ont été emportés jusque sur le ban de Buding ; les cadavres de 3 enfants sont découverts le même jour près du moulin bas d’Inglange, un autre à Metrich : tous étaient placés dans des familles de Helling. Le bilan économique est catastrophique : les terres sont ravagées, les vignes détruites par la grêle. Après les très mauvaises récoltes de 1816 qui ont fait planer le spectre de la famine, le moral de la population est au plus bas, d’autant plus qu’elle ne pouvait espérer aucune forme de dédommagement : la souscription « en faveur des victimes de l’orage qui a dévasté la vallée de la Canner » du mois de juillet de la même année n’a rapporté que 1617 francs !